Le CEP possède un exemplaire du second numéro de la revue éphémère (neuf numéros) Port-des-Singes, fondée par le poète Pierre-Albert Jourdan en 1974, avec le concours de l’écrivain Roger Munier, disciple et ami de Heidegger.
Ce second numéro contient une traduction française passée inaperçue d’un petit texte bien connu de Heidegger intitulé « Vom Geheimnis des Glockenturms », rédigé en 1954 (publié une première fois en 1969, puis repris en GA 13, pp. 113-116). Cette traduction autorisée a été réalisée par Henri-Xavier Mongis, ancien participant aux Séminaires de Zähringen avec Jean Beaufret, Jacques Taminiaux, François Fédier et François Vezin.
Les historiens et biographes ont toujours eu tendance à verser ce texte au dossier de la Heimat (voir encore récemment G. Payen, Martin Heidegger. Catholicisme, révolution, nazisme, Paris, Perrin, 2016). Mais Jean Greisch a montré dans Ontologie & temporalité (p. 5) qu’il était possible d’en faire également une lecture philosophique : « Dans ce récit d’enfance, le fils du Sacristain de l’Eglise de Sankt Martin de Messkirch se dépeint manifestement lui-même dans ce qui fut le <monde ambiant> (Umwelt) de son enfance ». On y lit « quelques-uns des motifs déterminants de la pensée heideggérienne : le motif de la <fugue> (…), la mort comme <écrin de l’être>, l’importance accordée à l’expérience temporelle (…) et le phénomène le plus originaire du langage, la grande Voix de l’être qui parle aux humains à travers son pouvoir de rassemblement (…) ».